jeudi 20 octobre 2016

Un secret, Philippe Grimbert




' Souvent les enfants s'inventent une famille, une autre origine, d'autres parents. Le narrateur de ce livre, lui, s'est inventé un frère. Un frère ainé, plus beau, plus fort, qu'il évoque devant les copains de vacances, les étrangers, ceux qui ne vérifieront pas... Et puis un jour, il découvre la vérité, impressionnante, terrifiante presque. Et c'est alors toute une histoire familiale, lourde, complexe, qu'il lui incombe de reconstituer. Une histoire tragique qui le ramène aux temps de l'Holocauste et des millions de disparus sur qui s'est abattue une chape de silence.  

Avec Un Secret, couronné en 2004 par le prix Goncourt des lycéens et en 2005 par le Grand Prix Littéraire des lectrices de Elle, Philippe Grimbert démontre avec autant de rigueur que d'émotion combien les puissances du roman peuvent aller loin dans l'exploration des secrets à l'oeuvre dans nos vies. '


Que vous dire de ce livre, et surtout par où commencer... Je ne saurais pas vous affirmer si j'ai aimer ou si j'ai, au contraire, détesté cette lecture. Pour tout vous dire, j'ai lu énormément de témoignages sur la Seconde Guerre Mondiale et plus particulièrement sur des récits de vie de survivants (ou non d'ailleurs) de l'Holocauste. Et, si vous me connaissez suffisamment, vous savez que je n'ai pas pour habitude de chroniquer ce genre de livres. Ici, il s'agit plutôt d'une fiction à mon sens. J'ai fais quelques recherches sur Internet bien sûr, mais je ne saurais pas vous dire si tout ce qui figure dans ce livre est autobiographique ou non. 

Dans Un Secret, on suit un jeune garçon (que je suppose être Philippe) qui n'a clairement pas confiance en lui. Il est maigre, pas vraiment beau et se sent rejeté par ses camarades. Il va peu à peu s'inventer un frère ainé, qui serait tout ce que lui n'est pas. De fil en aiguille, le narrateur marche dans l'ombre de ce frère à qui tout semble réussir, il est fort, intelligent, et plaisant à regarder. Il s'imagine se battre et se chamailler avec lui pour un oui ou pour un non. Jusqu'à ce qu'il apprenne la vérité. 

Je ne sais pas comment vous parler de ce livre, et vous délivrer mes sentiments quant à cette lecture sans vous parler pleinement de ce que l'on y apprend. Aussi, si vous n'avez pas lu ce livre et en avez l'intention, je vous conseille de ne pas lire la partie qui suit. 

- ATTENTION, SPOILERS DU LIVRE A PARTIR D'ICI -

En effet, le narrateur s'était forgé une image parfaite de la rencontre et de la vie de ses parents avant sa naissance. Au fur et à mesure qu'il va glaner des informations auprès de ses proches, il va remodeler son histoire afin qu'elle lui convienne parfaitement, et qu'elle lui donne l'illusion d'une famille idéale et heureuse. Sauf que la vérité est tout autre. 

Un jour, il va trouver dans une vieille malle de sa mère une peluche toute fripée, qu'il va instinctivement baptiser Sim. Il voit ses parents complètement troublés de le voir se balader avec cette fameuse peluche dans les bras, et il sent qu'il y a quelque chose qui lui échappe. Et c'est là le point de départ de sa petite enquête qui changera totalement sa vie et brisera en éclats cette image utopique qu'il s'était mise en tête. 

Car en effet, ce frère imaginaire qu'il s'était inventé... Cette sensation de vide et de manque qu'il a toujours ressentie trouve sa raison quelque part. Ce frère tant aimé et tant détesté, a bel et bien existé. Et cette peluche, c'était SA peluche. A partir de ce moment, tout son monde s'écroule et il tente peu à peu de remettre de l'ordre dans sa vie et dans sa tête, avec l'aide d'une amie de la famille. 

Il apprend que ce frère est le fruit d'une précédente union de son père et que sa mère à lui, n'était autre que la belle-soeur de son père à l'époque. Il peut d'ores et déjà mettre un prénom sur cette silhouette imaginaire, Simon. 'Sim'.. comme sa peluche. 

Forcément, quand on lit cela, nous lecteurs, notre estomac se crispe, notre souffle s'accélère. Mais qu'est-il arrivé à Simon ? Quel est ce secret contre lequel ses parents veulent à tout prix le préserver ? 

Je vous le donne en mille : Lorsque Hannah, la première femme de son père Maxime, se rend compte que son mari éprouve une irrésistible attirance pour sa belle-soeur Tania, elle décide de sceller leur destin, à tout jamais. Lors d'un contrôle par les soldats allemand, alors qu'ils sont, elle et ses amis, à deux doigts de se mettre à l'abri, Hannah va présenter ses vrais papiers et ceux de son fils aux nazis. 

Hannah et Simon seront déportés vers un camp et gazés dès leur arrivée... 

C'est de cela dont je voulais vous parler. Suis-je la seule à être révoltée par ce que j'ai lu ? Je ne suis pas encore mère mais je pense que je raisonne quand même un peu plus loin qu'Hannah. Entre nous, comment une mère, si désespérée soit-elle de voir son couple anéanti, peut-elle prendre son fils par la main et l'emmener droit vers la mort ? Parce qu'Hannah n'est pas dupe ! Elle sait pertinemment ce qui se passe dans ces camps, elle sait que lorsqu'on monte dans un train, on n'en revient pas. 

Pour moi, c'est du pur égoïsme. Je peux concevoir que peut-être, à l'époque une femme ne quittait pas son mari, ou avait éventuellement peur de ne pas s'en sortir toute seule avec un enfant ... Mais !!!!! Cela me révolte tellement ... Je n'ai absolument pas aimé Hannah, elle est fragile et simplette voilà tout, et au lieu de faire face et d'essayer de reconquérir son mari, elle court droit vers la mort. Et quand bien même, pourquoi prendre son fils avec elle ? Je n'ai pas les mots pour exprimer mon dégoût envers cette femme... Enfin passons. 

C'est pour cette raison que je ne saurais vous dire si j'ai aimé ou non cette lecture. Sûr qu'elle m'a touchée et m'aura marquée, aucun doute là-dessus. Mais même la fin ne réussit pas à me remettre le sourire. Le drame n'était pas assez grand pour le narrateur, qui apprend tout cela après coup et qui doit apprendre à vivre avec. Non, ses parents connaissent une fin tragique aussi... (Je vous passe les détails là-dessus, si vous avez envie de lire le livre.) Comment un être humain doté de sentiments peut-il honnêtement survivre à toutes ces épreuves et surtout rester sain d'esprit ? 

En bref, un livre poignant, mais surtout déroutant et qui donne à réfléchir. Pas de note pour ce livre, je n'arrive vraiment pas à préciser ma pensée... Pardon pour la tartine de texte, mais j'ai mis du temps à trouver les bons mots à mettre sur ce que j'ai ressenti à la lecture de ce livre. Environ 200 pages, mais intenses. 

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